Retours d'expérience RH  Publié le 21/03/2019

Burn-out : TPE, PME, grands groupes… tous concernés ?

Alors que les termes « bien-être» et « bonheur» envahissent la sphère professionnelle, 12.6% des actifs français seraient en burn-out. Un paradoxe français ? Cet état d’épuisement psychique et physique est pourtant absent de la liste des maladies professionnelles. Les causes du burn-out, et plus globalement des risques psychosociaux (RPS), sont multiples et souvent complexes : la pression des grands groupes, le management trop hiérarchique ou encore les réorganisations¹ sont souvent incriminés, mais qu’en est-il des TPE-PME-ETI ? Dans quelle mesure sont-elles touchées ? Quels postes et secteurs sont les plus exposés ? État des lieux et conséquences du burn-out pour tenter de mieux le prévenir.

Le burn-out en France : tendance et décryptage


Une croissance inquiétante : Un salarié sur trois aurait fait un burn-out au cours de sa carrière et on estime à 3,2 millions, le nombre de Français qui présenteraient un risque élevé². Ce chiffre aurait doublé sur la période 2007-2018³.

Secteurs, postes, CSP, entreprises… qui sont les victimes ?

  • Les managers sont particulièrement exposés : 24% des managers se disent potentiellement en situation de burn-out contre 7 % des ouvriers² et 10 % des employés 10 %².
  • Ce syndrome touche toutes les catégories socioprofessionnelles, des agriculteurs aux dirigeants d’entreprise en passant par les commerçants : les agriculteurs exploitants sont les plus touchés avec un pourcentage de 25%². Quant aux artisans, commerçants, chefs d’entreprise, le chiffre atteint 20%².
  • Le secteur médico-social est fortement touché puisqu’il concentre 20% des accidents psychiques⁴ (pour 10% des salariés français). Les secteurs du commerce de détail et des transports sont particulièrement concernés avec 13% et 15%⁴. Quant aux métiers de la « tech », ils seraient 57% à s’être déclarés en burn-out.
  • S’il est souvent question de pression au sein des grands groupes, ce phénomène concerne également les PME : 63 % d’entre elles⁵ ont connu un cas d’absentéisme dû au stress, à une dépression ou à un burn-out. Plus particulièrement les patrons dont 15,5 %⁶ courraient un risque de burn-out. Un chiffre non négligeable… environ 99 % des entreprises françaises sont des PME.


En l’absence de service RH dédié ou de budget, comment allouer le temps nécessaire à la prévention ? Pourtant les conséquences économiques des RPS soulignent l’urgence de traiter le sujet santé… quelle que soit l’entreprise.


RPS : des conséquences humaines et financières non négligeables


Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), le stress coûte entre 0,8 et 1,6 milliard d’euros par an, en France.

Quels effets pour les entreprises ? L’INRS, toujours, alerte sur les conséquences négatives des RPS, notamment le burn-out, sur leur performance :

  • augmentation de l’absentéisme et du turn-over ;
  • baisse de la productivité, de l’attention et de la motivation ;
  • diminution de l’engagement des salariés ;
  • dégradation du climat social.

Pourtant, 65 % des DRH⁷ n’ont lancé aucun dispositif d’anticipation des risques au sein de leur organisation. Comment lever les freins ?

Quelles pistes pour mieux prévenir le burn-out ?


Pour renforcer l’efficacité de la prévention, le récent rapport Lecocq a souligné la nécessité d’une meilleure lisibilité des aides à disposition, notamment au niveau régional, pour les PME. En attendant, il est possible d’agir à trois niveaux :

  • détecter les signaux faibles et les dysfonctionnements organisationnels grâce à la réalisation d’une enquête sociale interne et d’un diagnostic ;
  • impulser une culture préventive de la santé en sensibilisant et en formant les acteurs clés – managers, RH, collaborateurs – aux troubles liés aux RPS : burn-out, TMS (troubles musculosquelettiques), stress, etc. L’objectif est de sortir d’une approche corrective trop orientée hygiène et sécurité ;
  • encourager la prévention individuelle : dans toute démarche de santé, la capacité des individus à identifier leurs symptômes est fondamentale pour une prise en charge précoce et efficace. Il existe un autodiagnostic en ligne accessible à tous qu’il est pertinent de coupler avec l’intervention d’experts : ergonomes, médecin du travail, chiropracteurs ou psychothérapeutes. Cette approche multimodale apporte une lecture plus fine des résultats et favorise le lancement d’actions individuelles.


    Laure Girardot
    ———
    Sources
    ¹ Selon une enquête de l’ANACT/CSA
    ² Enquête Technologia, 2014
    ³ Enquête sur le déni de burn-out menée par Moodwork et le Lab RH
    ⁴ Estimations de l’Assurance maladie publiée en janvier 2018
    ⁵ Baromètre des accidents du travail et des maladies professionnelles 2017 réalisé par les cabinets Atequacy et Singer (30 novembre 2017, 4ème édition)
    ⁶ Selon l’observatoire Amarok
    ⁷ Chiffres INRS




    Vous adorez cet article ?

    Pour être sûr de ne rien rater, recevez par e-mail chaque mois gratuitement tous les articles incontournables des dernières semaines en vous inscrivant à la newsletter.



Les autres actualités de cette thématique
Retours d'expérience RH  Innovations RH : 2022, l’année où l’on ose !

2022 augure des mouvements sans précédent sur le marché du travail ! 25% des Français cherchent activement à quitter leur emploi et 35 % restent ouverts à […]

Retours d'expérience RH  Santé mentale : état des lieux et leviers d’action QVT après 2 ans de pandémie

La crise sanitaire, les confinements successifs et le télétravail improvisé sont autant de facteurs qui ont affecté la santé mentale des salariés. Les risques de […]


Voir plus d'actualités