Retours d'expérience RH  Publié le 16/03/2022

Santé mentale : état des lieux et leviers d’action QVT après 2 ans de pandémie

La crise sanitaire, les confinements successifs et le télétravail improvisé sont autant de facteurs qui ont affecté la santé mentale des salariés. Les risques de burn-out sont toujours élevés. Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte humaine, la santé psychologique des salariés reste dégradée avec une fatigue pandémique qui s’installe. Face à ce constat inquiétant, quelles sont les pistes d’action pour mettre en place un environnement favorisant la Qualité de Vie au Travail (QVT) dans une configuration plus hybride ?

Santé mentale et QVT : des indicateurs toujours dans le rouge


Les indicateurs étaient déjà en berne en 2021 : le nombre de salariés en arrêt de travail avait augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021 (1). Plus spécifiquement, les arrêts pour motifs psychologiques ont été nombreux dans les grandes entreprises. 35 % des personnes sondées se disaient stressées ou à bout de forces (24 %). D’ailleurs, 29 % des salariés avaient ressenti plus de stress pendant la pandémie. En 2022, le scénario ne semble pas meilleur : 41 % des salariés se disent en détresse psychologique. 34 % sont en risque de burn-out. Le sondage met en évidence que les femmes sont les plus touchées (47,5 %) ainsi que les jeunes de moins de 29 ans (54 %). Par ailleurs, les fonctions RH ne sont pas épargnées : 63 % de salariés en burn-out, dont 34 % de manière sévère (2).

Quant aux solutions pour accompagner les salariés ? Seuls 31 % d’entre eux font état d’une culture de la prévention des risques psychosociaux dans leur entreprise. De même, 50 % affirment qu’il n’y pas de référent prévention ou QVT à qui ils peuvent rapporter leur problème. Un salarié sur trois juge cependant que leur manager « a des pratiques positives pour leur bien-être psychologique ».

4 actions à déployer d’urgence pour accompagner la santé mentale de vos salariés


1 – Créer un climat de sécurité psychologique


La sécurité psychologique est « la croyance que l’on ne sera pas puni ou humilié pour avoir exprimé des idées, des questions, des préoccupations ou des erreurs » selon Amy Edmondson, professeure à la Harvard Business School.

Concrètement, cela se traduit par divers aspects dans le fonctionnement et la culture de l’entreprise. D’abord, par le fait d’accorder de l’importance au développement de relations humaines de qualité. Mais aussi, grâce à des conditions pour que chacun expérimente la confiance, l’empathie et la bienveillance. Cela signifie que l’employeur doit être davantage à l’écoute des salariés, maintenant plus que jamais. Cela passe par une remontée systématique de leurs besoins et de leurs attentes, en matière de QVT.

Notez-le

Les managers ont donc un rôle pivot à jouer dans ce « processus d’écoute ».

En effet, selon la professeure, il s’agit de promouvoir un cadre dans lequel les salariés n’ont plus peur de prendre des risques, et dans lequel ils ne craignent pas d’assumer leurs erreurs.


2 – Investir dans une cellule d’écoute et de l’aide en ligne


De nombreuses entreprises ont déjà lancé des espaces de discussions en proposant une permanence téléphonique avec un psychologue. En complément, les équipes en charge de la QVT ou les managers peuvent prévoir des entretiens individuels avec les collaborateurs. Le but ? Évaluer leur niveau d’anxiété et pouvoir les diriger vers l’aide adéquate.

Pour accompagner la QVT de manière continue, la mise à disposition d’une plateforme digitale dédiée au bien-être est un canal intéressant. Chaque collaborateur a accès à des conseils en matière de santé : nutrition, astuces pour maintenir le lien social ou encore des bonnes pratiques en matière de postures pour prévenir les troubles musculo-squelettiques en télétravail, etc. Des sessions autour du bien-être mental et physique (yoga, sophrologie…) peuvent également être proposées.


3 – Rendre vos salariés acteurs de leur QVT


Il faut orienter les collaborateurs vers plus de responsabilisation quant à leur propre santé.

Tout d’abord, à l’aide d’outils d’auto-évaluation, les salariés peuvent jauger leur situation de bien-être ou mal-être au travail. Suite au résultat, ils sont redirigés vers un psychologue, sans obligation. Ou alors, ils peuvent aussi être formés sur différents sujets autour de la QVT. En effet, la thématique revêt divers aspects à connaître : santé, management, contenu du travail, engagement…

Il est donc essentiel que les collaborateurs s’approprient ces différents volets afin de mieux appréhender les risques et les détecter.

Exemple

Exemple de formation intéressante : l’intelligence émotionnelle. Développé par Daniel Goleman, ce concept définit la capacité à identifier, comprendre et ajuster les émotions. L’intelligence émotionnelle favoriserait l’autorégulation (comprendre les états émotionnels), la motivation (identifier la source des états bien-être) ou encore l’empathie (décrypter les réactions des autres et leurs besoins).

Cela en fait un outil clé pour fluidifier les relations au travail au sein d’environnements de travail plus complexes.


4 – Miser sur la flexibilité pour alléger la charge mentale


Beaucoup de travailleurs ont pris goût à la liberté et à l’autonomie que leur offrait le télétravail. Les salariés souhaitent travailler à distance 2,4 jours par semaine en moyenne.

Plus globalement, 71 % des salariés souhaitent bénéficier d’horaires plus flexibles. D’ailleurs, 74 % sont séduits à l’idée de passer à la semaine de 4 jours (d’après la même source). Il est temps de lever le pied sur la culture du présentéisme et imaginer une organisation plus souple. Dans cette optique, les enjeux liés à la parentalité sont clairement un thème à adresser pour alléger la charge mentale de nombreux salariés.

Exemple

Pour aider les jeunes parents, pourquoi ne pas offrir quelques journées de congés pour assurer les rendez-vous de suivi médical pendant les six mois après la naissance d’un enfant. Ou encore, leur proposer un jour supplémentaire de télétravail par semaine pendant cette même période. Et bien sûr, il est préférable de proscrire les réunions avant 9h et après 17h.



Auteur : Laure Girardot

Sources :
(1) Selon la mutuelle santé Malakoff Humanis qui a enquêté pour mesurer l’impact de la crise sanitaire sur l’absentéisme et les risques psychosociaux
(2) Sondage réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte humaine en février 2022



Vous adorez cet article ?

Pour être sûr de ne rien rater, recevez par e-mail chaque mois gratuitement tous les articles incontournables des dernières semaines en vous inscrivant à la newsletter.



Les autres actualités de cette thématique
Retours d'expérience RH  Innovations RH : 2022, l’année où l’on ose !

2022 augure des mouvements sans précédent sur le marché du travail ! 25% des Français cherchent activement à quitter leur emploi et 35 % restent ouverts à […]

Retours d'expérience RH  Recrutement : 4 tendances de fond pour 2022

En janvier, la ministre du Travail et de l’Emploi, Elisabeth Borne, déclarait que l’année 2021 avait été « exceptionnelle pour l’emploi ». 2022 s’annonce sur la […]


Voir plus d'actualités